C’est le titre d’une petite anthologie publiée en folio junior par Gallimard en 1979. Je le reprends pour décliner ici quelques textes relatifs à cette thématique de l’arbre si présente et si évidente.
James Sacré
Le tilleul
Il éveille les abeilles et midi,
l’été
l’heure dorée des ruches,
l’amour avant l’amour.
Il donne une rondeur au monde et mûrit dans la mémoire.
C’est toute la plus volumineuse richesse soudain gonflée de lumière et légère.
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Philippe Jaccottet
Arbres I
Du monde confus, opaque
des ossements et des graines
ils s’arrachent avec patience
afin d’être chaque année
plus criblés d’air
In Airs, © Gallimard, 1967
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Hélène Millien
L’arbre
arbre
arbre mon ami
écorce soie
torche feuillue
vibrante de sons
tu m’as appris
le temps
l’espace
la longue patience
qui s’étire du cœur de la terre
jusqu’à la griffure du ciel
arbre de lune
arbre de brume
je me saoule de vent
et t’écoute encore
bruire
chanter
frémir
jusqu’au jour dernier
où je m’endormirai dans ta sève
Inédit
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Jean-Marie Berthier
L’arbre
Parle-moi sur le ton de la pierre
qui dit le dernier mot du vent
entends-moi sur le ton de l’air
oubliant le premier mot du temps
Qui n’a bu la voix des ombres
au silencieux baiser de la neige
n’épousera jamais la lumière du soir
et quand aux champs de brumes
se lèveront des arbres de passage
plus ouverts à l’or du matin
que les douces carrières de pierres
il ne suivra pas sur le dos des sapins
la marche heureuse d’un enfant de solitude
celui qui jamais n’eut faim des ombres
Qui n’a déjà bu la voix d’un enfant
à l’intempérie des mains sur le cœur
ne prendra jamais ce baiser des heures
dépourvues de l’humeur des mousses
qui n’en finissent pas de nous attendre
drapées de nous sous de très blanches ailes
embellies de paupières d’éperviers
Mais le temps n’est plus qu’un poing d’hiver
refermé silencieux sur une fleur
et la terre
à l’horizon qui s’allonge
devient ce très vieux mensonge
où des couleurs de printemps
cherchent le cri de leur naissance
et s’éraflent sur les pierres
dans la clameur dessinée de leur dure absence
à la verte limite des silences de pluie
taillés tels de lointains tombeaux
n’en pouvant plus de vivre
aussi beaux que des berceaux
que nulle main jamais n’a fait pleurer
In Les arbres de passage et autres poèmes, © Fanlac, 2007, p.21
Dessin de Jean-Louis Guitard — Août 2017
Contribution de PPierre Kobel
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