Né en 1951 à Nantes, Claude Bugeon vit sur l’île d’Yeu depuis 1982 avec son épouse Marie. Poète, peintre, il est également éditeur. Botaniste et soucieux de la protection de l’île d’Yeu, il en a entrepris un inventaire systématique. Il a obtenu que la loi protège une part de son territoire de constructions intempestives.
Il a publié une trentaine d’ouvrages ou études. France Culture a consacré trois émissions à son travail. Luc Vidal et les éditions du Petit Véhicule lui ont consacré plusieurs ouvrages dont le n° 102 de la collection Chiendents sous le titre Claude Bugeon Transpoétique (1973-2015). Les textes suivants y sont repris.
Quelque chose
Tout est déjà en place, sortez et courez entre les touffes de genêt, griffez vos jambes aux branches d’ajonc, respirez à pleins poumons le miel des prunelliers, il se passe quelque chose ! Quittez vos chaises, prenez un bain balsamique, criez du haut des falaises, dans le vent peuplé d’insectes quelque chose s’étire, ouvre un œil, se retourne, bâille, cherche le soleil ! Nous sommes habités, dépassés, soumis, nous fléchissons comme la tige sous le poids des fleurs, quelque chose force. Deux silhouettes jouent à s’aimer, nous n’y comprenons rien, des boules de pollen voyagent de calice en calice, éternuements, désordre, excitation, bourdons et abeilles, papillons. Pourtant, rien n’est inquiétant, les mères promènent leurs enfants. Quelque chose qui ne calcule pas construit, et en une singulière énergie déploie le mouvement par tous les éléments. Ne restez pas pétrifiés, laissez-faire en vous, on ne résiste guère à ce qui s’accomplit ! Les armes rouillent dans leurs gaines, les baudriers se vident. Nulles questions, nulles réponses, il semble que ce soit davantage. Quittez vos chaises !
Extrait de Natura, éditions du Nadir, 1991
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Toi
Je suis sorti et je ne t’ai pas vu
car tu étais partout,
falaise la plus haute
arbre le plus haut
rocher le plus haut,
et je ne savais pourquoi j’étais gai
pris en toi que je ne savais pas ici
partout et toujours au centre
quel que soit le chemin emprunté,
je marchais dans ton pas
riais dans ton rire
je me roulais dans ton herbe
soulevais les voiles de ta poussière
qui nous aime et où nous irons
plus tard,
plus tard.
Extrait de Brandons, éditions La Limée, 1993
Internet
- Claude Bugeon, l’île d’Yeu en tous ses états
- Sur le blog de Catherine Matausch : Île d’Yeu - Claude Bugeon - écrivain poète peintre botaniste
Contribution de PPierre Kobel
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