Valérie Rouzeau
Je pars le cœur tapant
Je pars le cœur tapant prendre le train en marche
Pile au signal sonore monterai mon bagage avec ma vie entière
Sur les rails je penserai à toute vitesse au bonheur étrange de
sentir mon poids de chagrin lancé par des plaines jamais vues
J’apercevrai peut-être un vrai oiseau dont on me dira plus tard
que c’était un hiatus
Tant de vide où se jeter qu’on parle de ciel pour remettre les
choses à leur place qu’on croit
Un vrai oiseau une authentique joie ça va où
Nous serons bien avancés quand j’aurai posé pour moi cette
question waouh
Et cette question de ma peine et des plaines pleines de ma peine
et de vent je la laisse en suspens
On m’attendra sur le quai à l’heure exacte je saluerai coucou par
la fenêtre j’aurai fait un bon voyage
La nourriture sera bonne le lit confortable je n’aurai ni faim ni
sommeil mais je ferai comme si parce que ça ne mange pas de
pain contrairement aux oiseaux
Puis je repartirai le cœur en miettes toujours tapant et éperdu
In Poé/tri 40 voix de poésie contemporaine – © autrement, 2001
Contribution de PPierre Kobel
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