I
Parfois prend le miroir
Entre ciel et chambre
Dans ses mains le minime
Soleil terrestre.
Et des choses, des noms
C’est comme si
Les voies, les espérances se rejoignaient
À même rive.
On se prend à rêver
Que les mots ne sont pas
À l’aval de ce fleuve, fleuve de paix,
Trop pour le monde,
Et que parler n’est pas
Trancher l’artère
De l’agneau qui, confiant,
Suit la parole.
II
Rêver : que la beauté
Soit vérité, la même
Évidence, un enfant
Qui avance, étonné, sous une treille.
Il se dresse et, heureux
De tant de lumière,
Tend sa main pour saisir
La grappe rouge.
III
Et plus tard on l’entend,
Seul dans sa voix
Comme s’il allait nu
Sur une plage
Et tenait au miroir
Où tout du ciel
Trouerait, à grands rayons, recolorerait
Tout de la terre.
Il s’arrête pourtant
Ici ou là,
Son pied pousse, distrait,
L’eau dans le sable.
In Les planches courbes, © Poésie/Gallimard, 2001, p.51
Contribution de PPierre Kobel
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