Alors que le régime syrien bombarde de nouveau la Ghouta orientale, enclave rebelle à l’est de Damas, tuant indifféremment des combattants et, plus encore, des civils, femmes, enfants, vieillards, sans aucun respect de l’humanité, nous n’avons ici que la poésie à opposer, car les poètes sont là aussi pour dénoncer.
Paul Valéry : « La guerre, c’est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. »
Georges Schehadé
Ils ne savent pas…
Ils ne savent pas qu’ils ne vont plus revoir
Les vergers d’exil et les plages familières
Les étoiles qui voyagent avec des jambes de sel
Quand la nuit est triste de plusieurs beautés
Ils oublient qu’ils ne vont plus entendre
Le vent de la grille et le chien des images
L’eau qui dort sous la couleur des pierres
La nuit avec des violons de pluie
Tant de magie pour rien
Si ce n’était ce souvenir d’un autre monde
Avec des oiseaux de chair dans la prairie
Avec des montagnes comme des granges
Ô mon enfance ô ma folie
In Les Poésies, © Gallimard, 1969
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Isabelle Jullian
Saida
Saïda porte dans ses bras
son petit frère,
mort.
Froid.
Endormi à jamais
dans le berceau de l’innocence
blessée.
Saïda ne mesure pas
l’horreur perfide des combats.
Elle croit
que son frère dort.
Elle tangue
sans le savoir
sur la folie la plus intime
de la guerre.
Celle qui offre des nuits de noce
au rêve et à la réalité.
Qui marie l’horreur
à la dénégation subtile
mais persistante.
Saïda marche…
Elle marche longtemps
sous le feu des fusils.
Sous l’orage des bombes
en chantant un air très doux
pour bercer son petit frère.
Saïda et la guerre.
Saïda et la mort.
Seule…
Sur la route aride
de ses six ans.
In Les Murs Hauts et Maudite soit la guerre, CD © Sous la lime, 2015
Bibliographie partielle
- CD Maudite soit la guerre, © Sous la lime, 2015
- Bruno Doucey, Guerre à la guerre © Bruno Doucey, collection Poés'idéal, 2014
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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