Scriptorium
Écriture : tout, terre, terrier, trou.
À-pic du cri dans l’œil de la gorge.
Les mots titubent atterrés de mémoire.
Les souvenirs brûlent le vagin du visage.
Une étoile anonyme essuie les larmes.
Les onomatopées de l’os tournoient.
Poème : scansion du noir, balbuciendo.
In Balbuciendo, © Arfuyen, 2012
Michèle Finck vit et enseigne à Strasbourg. Depuis toujours elle entretient un dialogue entre son écriture et les autres arts. La musique, mais également la peinture, le cinéma et la danse. Tant par le livre que par les traductions d’autrui, par les voyages que par des collaborations, elle établit des passerelles fructueuses et nécessaires avec d’autres expressions qui sont pour elle plus qu’un miroir. Cependant c’est à l’écriture poétique qu’elle confie ses doutes, ses interrogations, jusqu’au désespoir et les tourments charnels sans jamais renoncer à un espoir fragile et à une existence étayée par les mots quand ils donnent un sens à cette dernière. C’est elle-même qui a déjà dit que « la poésie est pour elle une condition de vie. »
LE DIT DE LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG
Quatrième vitrail
Labyrinthe
Qui n’a pas regardé
L’autre pleurer
Ne le connaît pas.
Aimer un être
Pour la façon
Unique
Qu’il a de pleurer.
Le reconnaître
À l’odeur
De ses larmes
Toucher les traces
Que tes larmes laissent
Sur mon visage.
Cartographie étrange
Dont nul n’a la clé.
Dans le labyrinthe
De tes larmes
Avancer
À tâtons :
Éblouie.
Tes larmes
Nous élèvent
Au-dessus
De la poussière.
Tu pleures je ferme les yeux
Pour t’écouter pleurer
À nos pieds la cathédrale
De grès rose
Lentement tournoie.
L’essentiel est invisible
Aux sans-larmes.
Visage contre visage
Savons-nous encore
Qui de nous deux pleure ?
Mes larmes
Coulent
De tes yeux.
In Connaissance par les larmes, © Arfuyen, 2017, p.33
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Celle qui neige
ou l’alchimiste des larmes
Quand j’étais enfant, on me demandait ce que je voulais faire plus tard.
Je répondais : NEIGER.
On ne me comprenait pas.
Maintenant : je neige, j’écris.
Par alchimie des larmes.
Ma neige de mots est blanche à force d’être noire.
Ma neige de mots est éternelle à fore d’être éphémère.
Ma neige de mots est universelle à force d’être anonyme.
On ne me comprend pas.
Mais aujourd'hui un enfant, qui est passé à côté de moi, a dit à sa mère :
« Regarde cette femme elle neige.
– Pourquoi ? A demandé la mère.
– Pour moi pour toi pour nous tous.
Pour que tu neiges à ton tour.
Essayez vous aussi. »
Êtrécrire, neiger.
In Connaissance par les larmes, © Arfuyen, 2017, p.195
Internet
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Site personnel de Michèle Finck
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Page des éditions Arfuyen
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Page Wikipédia
-
Page sur le site de Claude Ber
Contribution de PPierre Kobel
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