Le cœur que la pensée parfois froidement coupe
dans ce beau temps c’est comme si l’allée du jardin
séparait d’un coup de la joie et qu’au revers d’un
coquelicot on sente le sang la fin des choses d’ici-bas
de toutes les choses d’ici-bas dont nous sommes —
la vie qu’on sert mal même à force surtout à force
In Coupes claires, © Pierre Mainard, 2009, p.11
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Que reste-t-il quand l’amour s’en va ? La poésie ! C’est avec les mots tissés de la douleur que Véronique Gentil a composé ce recueil de la séparation. Solitude du corps, silence de la voix, absence irrémédiable, attente improbable au regard d’une nature aidante et sentiment du retour à la faiblesse, à l’inutilité de l’existence. Et malgré cela « un poème est en train ».
Ce ruisseau encrassé de mousse (tassement de saletés
tendres de bois) après les pluies grand ver brun d’eau
brassée remuant à ras l’herbe avance comme avance
la possibilité de vivre après
des jours ont la douceur du beurre avec cette chose
soudaine et déchirante d’être ramenée sous ta main
alors je suis loin
la cognée obsédante du pic
les heures sans
criaillent avec les freux
In Coupes claires, © Pierre Mainard, 2009, p.18
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Maintenant je n’attends plus ta voix qui m’était un berceau
et une lettre si elle venait de toi je l’ouvrirais avec crainte
il m’arrive encore de dormir dans une maison sans
heures avec le roulis de mes pensées difficiles
accroupie et perdue
incapable d’attribuer une valeur à la solitude — hauteur ou noblesse
je croise dans l’intérieur d’un abat-jour la frappe molle
des insectes mais ne nomme ni le pire ni l’expérience
du pire
j’ai quitté l’assemblée des symboles
j’ai délaissé la question du vivre
et peut-être ce renoncement saura-t-il éclairer de lueurs
mâles la chair terne de mes tableaux
In Coupes claires, © Pierre Mainard, 2009, p.32
Bibliographie partielle
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Coupes claires, © Pierre Mainard, 2009
Internet
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Éditions Pierre Mainard
Contribution de PPierre Kobel
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