Alors que nous allons de nouveau devoir rester enfermés durant quatre semaines au minimum, chaque jour un texte pour dire la liberté des mots et la foi en l’avenir.
Martin Boillat
Souffle sacrifié
Souffrance. Sexe. Souffle. Extrême nudité posée sur le sol,
là où l’eau ne pleure pas. Infinies précautions laissées à la
poussière. Juste au corps immaculé, innocent.
Trois gouttes de sang déposées sur sa joue.
Tu écoutes, mais je ne pleure pas. Tu vois, mais la lumière
s’est éteinte. Tu respires, mais l’air est dans mes poumons.
Je ne comprends pas comment tu es. Tu ne sais plus
pourquoi je suis.
Un frisson léger qui voyage. Courbure d’un espace de
peau. Marée sensorielle. Flux et reflux.
Et puis un murmure de silence. Et une volonté qui parle à
l’âme, qui soupire cette respiration :
« Aime-moi en souffrances, en pulsations, en regards
bruts, en gestes lents, en esquives solaires, en ténèbres
bleues, en jugulaire exposée, en cris silencieux, en
combats, en éternités, en chair et en contradictions, aime-
moi en ciel et en enfer, aime-moi en flammes gelées et en
aurores réifiées, en sculptures de temps, en tombes et en
trombes, en larmes et en sueur, en toi et en moi.
Aime-moi fauve, aime-moi fière, aime-moi Femme. »
Et tout recommence, puisque l’amour abolit l’inertie.
Le futur est à venir, mais pas assez présent.
In Poésie en liberté, © Bruno Doucey, 2017
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Contribution de PPierre Kobel
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