Alors que nous sommes de nouveau enfermés durant quatre semaines au minimum, chaque jour un texte pour dire la liberté des mots et la foi en l’avenir.
Breyten Breytenbach
Je mourrai et j’irai vers mon père…
Je mourrai et j’irai vers mon père
à Wellington dans la lumière
là-bas les chambres sont lourdes et sombres
les étoiles se posent comme des mouettes
sur le faîte du toit
dans le jardin les anges bêchent à la recherche de vers
je mourrai et prendrai la route
avec peu de bagages
par les montagnes de Wellington
à travers les arbres entre chien et loup
et j’irai vers mon père
le soleil cognera dans la terre
les brisants du vent font craquer les jointures
nous entendons les locataires
traîner des pieds au-dessus de nos têtes
nous jouerons aux dames sous la varangue
– le paternel triche –
écouterons à la radio
les nouvelles de la nuit
amis, comortels –
n’ayez crainte – la vie s’accroche actuellement
comme de la chair à nos corps
mais la mort ne couvre pas de honte –
nos allées et venues
sont comme l’eau du robinet
comme des sons proférés
comme nos allées et venues :
nos ossements connaîtront la liberté –
venez
dans ma mort dans mon cheminement vers mon père
à Wellington où les anges
pêchent de grosses étoiles à l’asticot –
mourrons – périssons et soyons joyeux :
mon père tient une grande pension de famille.
in La main qui chante, © Bruno Doucey, 2020 - Traduction de Georges Lory
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Contribution de PPierre Kobel
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