Alors que nous allons de nouveau devoir rester enfermés durant quatre semaines au minimum, chaque jour un texte pour dire la liberté des mots et la foi en l’avenir.
Emmanuel Merle
Sur la ligne de feu
Nous aurons des souvenirs ardents,
des nœuds de pierre inextricables
pour lier notre vie au ciel.
Nous serons des montagnes,
nous n’aurons pas fini de grandir
l’air, partout déchiré, fera chavirer le monde.
À l’aplomb de midi nous mourrons
sous le noir du soleil, sa bouche immense
voudra nous dire les mots de la dévoration,
nous ne saurons répondre
que dans la langue de l’éruption,
des paroles rouges, incandescentes.
Nous renaîtrons sans cesse, phœnix
aux ailes de roche, au bec ouvert,
nous surgirons, nous nous élancerons
de notre propre charbon millénaire.
Le rouge, toujours, naît du noir,
y retourne et s’y noie.
Nous irons à nouveau sur la ligne de feu,
des oiseaux au bord du gouffre
de l’existence.
in Les mots du peintre, © Encre et lumière, 2016
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Contribution de PPierre Kobel
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