Alors que nous allons de nouveau devoir rester enfermés durant quatre semaines au minimum, chaque jour un texte pour dire la liberté des mots et la foi en l’avenir.
Éric Dubois
Masse sombre
Je ne suis pas une masse sombre
indécise
j’ai des yeux une bouche
des yeux pour voir que tu ne veux pas
me voir
une bouche qui avale le silence
Je ne suis pas qu’une main tendue
je peux aussi serrer des mains
toucher des cœurs
Je ne suis pas une masse sombre
indécise
je suis une présence
j’ai des rides comme des cicatrices du passé
ma peau est tannée par mes nombreuses marches
et tous les soleils que j’ai pu vivre
Je ne dors pas je veille
je me souviens toujours de mes sommeils d’avant
toujours à regret des lits tièdes et des maisons pleines
Je ne sais plus si je rêve encore car j’ai faim et soif
froid et chaud
Ma vie n’est pas un rêve éveillé
mais une prison aux murs invisibles
que tu as construite pour moi
que tu construis
quand tu ne veux pas me voir
In anthologie Dehors, recueil sans abri, © Janus, 2016
Repris in Passagers d’exil, © Bruno Doucey, 2017
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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