Un jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel.
J’en appelle
J’en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J’en appelle aux amours
Que chantent les rivières
À l’éclatement bleu
Des matins de printemps
À la force jolie des filles
Qui ont vingt ans
À la fraîcheur certaine
D’un vieux puits de désert
À l’étoile qu’attend
Le vieil homme qui se perd
Pour que monte de nous
Et plus fort qu’un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En se désirant faible
Et plutôt qu’orgueilleux
En se désirant lâche
Plutôt que monstrueux
J’en appelle à ton rire
Que tu croques au soleil
J’en appelle à ton cri
À nul autre pareil
Au silence joyeux
Qui parle doucement
À ces mots que l’on dit
Rien qu’en se regardant
À la pesante main
De notre amour sincère
À nos vingt ans trouvés
À tout ce qu’ils espèrent
Pour que monte de nous
Et plus fort qu’un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En préférant plutôt
Que la gloire inutile
Et le bonheur profond
Et puis la joie tranquille
J’en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J’en appelle à ton cri
À nul autre pareil
Paroles et musique Jacques Brel in Quand on n’a que l’amour, © Les Éditions Tropicales, 1957
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Contribution de PPierre Kobel
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