Un jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel.
Sur les trottoirs les piétons ont pressé le pas
On se mêle au flot des passants. Soudain
les flics, en formation, boucliers de plastique
et visières, brandissant des matraques
longues et minces comme des baguettes,
déblayant la rue à contre-courant.
S’approcher ou se tenir à l’écart.
Les cafés rentraient les tables
empilaient les chaises les unes sur
les autres, tiraient les barreaux d’acier
parcs de sécurité. Sifflets à
l’arrivée des fourgons. Soldats
à moustaches. On quitte la scène.
Dans les yeux de la jeunesse une lueur de méfiance.
L’église. Une scène pastorale
avec guitares, tambours, flûtes,
harpes et amoureux. Après
Shakespeare & Co., les restaurants
et leur clientèle élégante, une rue
In La nuit américaine, © Christian Bourgois, 1992
Traduction par Patricia Devaux
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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