Oracle du silence
Avec son recueil « brise » qui vient de paraître chez « Jacques André éditeur », Bernard Grasset termine un chemin de mots, chemin de mémoire et d’abord chemin de vie qui longe « la plus grande source de poésie de tous les temps », selon Marc Chagall, c’est-à-dire la Bible.
Les mots du poète creusent, recueil après recueil, poème après poème, le temps et l’espace à la recherche d’une source, d’une eau qui seule peut étancher toute soif car elle est eau de vie.
Chemin de mots sur une terre qu’il faut habiter et qu’il est bon de parcourir, peut-être, particulièrement la nuit lorsque s’éveillent les rêves et qu’un train berce toutes les peines, alors qu’au loin, sur un mont à peine visible, s’allume et brille et brûle une petite flamme.
Paysages traversés, avec toujours un regard neuf, entre terre et ciel, et un cœur toujours prêt à accueillir les mots. Toujours prêt à saisir l’amitié d’une main. L’œil à l’affût de la lampe qui veille dans la nuit et ressemble, à s’y tromper, à une complainte. L’oreille à l’écoute du moindre murmure, du plus petit souffle ‒ de la moindre brise. D’une brise qui agite faiblement les feuillages, et la lumière qui soudain embrase le poème et l’amandier qui se dresse, « Oracle d’enfance », et demain qui trace encore et toujours un chemin lorsque pointe à l’horizon le temps du retour.
Le poète, « témoin en exil », a semé ses mots, a lancé son appel, a allumé « une lampe dans la nuit » et il arrive « au seuil du silence », il arrive là où « ses lèvres se brisent ». Il arrive à « l’heure pourpre », à l’heure d’« écrire la lumière ».
Ecrire, comme sarcler et tailler, écrire pour vendanger la bonne vigne du poème. Un poème à l’écoute d’une voix ‒ de la Voix qui renverse le cœur.
Ecrire pour creuser la vigne des mots, pour presser les doux raisins du poème, afin de quitter l’homme ancien et de revêtir la fraîche tunique de l’homme nouveau.
Ecrire, gagner l’atelier du silence, « Oracle d’enfance, Oracle d’exil », chanter le visage d’un pays, l’image d’un ami, écrire les confidences d’un jardin de mémoire, crier ce que murmurent la pierre et le souffle à l’écoute d’un cœur brûlant.
Voilà ce que Bernard Grasset exprime dans des poèmes dépouillés de tout artifice, grâce à des vers de plus en plus épurés, ayant comme seul but de poser ses mots au seuil du silence et de nous livrer une parole au plus près de la Vérité. Bernard Grasset une poésie vraie.
Bibliographie partielle
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Brise, © Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, 2020, 44 p.
Internet
Contribution de Jean-Claude Coiffard
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