La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
L’homme a agrippé la femme
Et la femme murmure
« Ne t’écarte pas, nous tombons
Tu vois, c’est un voyage dans le vent de la chute
Et c’est si beau
Le vent s’enchante
Dans la maison trop claire qui tient sa paume ouverte
Comme une plaine
Sans turbulence malgré le vent »
Tous deux s’épousent et le moment ne tombe pas
La femme ne sait pas où ils vont
L’homme croit peut-être le savoir
Elle ferme simplement les yeux
Pour mieux sentir son cœur qui navigue vers lui
Et les vergers font des étoiles
On voit le vent qui s’énamoure
Et puis secoue les arbres fous
L’homme et la femme emportent pour repères
La satiété d’anciens châteaux du paysage
Qu’ils ont toujours connus arrimés dans le temps
« Ne t’écarte pas nous tombons »
Nœud partageable fol appui
Le voyage est son point fixe
Et le moment ne tombe pas
Et c’est sans eux que le temps se décline
In Le Pèlerin sentinelle, © Le Cherche-Midi, 1994
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Contribution de PPierre Kobel
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