La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Frédéric Jacques Temple
Barbapapa
Voici Poséidon, barbe océane
déroulant ses vagues autour des îles,
barbe d’écume et de lave exaltées.
Voici le Dieu terrible du Sinaï,
barbe électrique à la bouche d’airain
tonnant. La barbe augurale de Moïse
enserrant les lois angulaires
dans le marbre de Michel-Ange.
Voici le grand Pan dressé sur l’Amérique,
Walt Whitman, commodore, Ô quel capitaine
en barbe de savane à l’odeur de cuir frais,
Mississipi de poésie, battant l’estrade.
Du côté de la barbe est la toute-puissance :
Hugo sur son rocher, Tagore à barbe de mousson,
barbe de Brahms sur les darses de l’Elbe,
et Rollinat qui charmait les serpents,
barbes nouant le ciel noir de leurs feux.
Et cet autre envoûteur d’éléments, barbe au vent,
Zeus de la poésie, chaman barbapapa,
Bachelard notre berger sempiternel.
In La Chasse infinie et autres poèmes, © Poésie/Gallimard, 2020
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La Pierre et le Sel | Recueil : Frédéric Jacques Temple | Par le sextant du soleil
Contribution de PPierre Kobel
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