La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
La Commune de Paris
La France est là couchée, elle est debout qui chante.
Jeanne d’Arc et Varlin. Il nous faut creuser loin,
ma patrie qui remue sous les pavés épais.
La Commune pays tendre, le mien, mon sang qui brûle,
de ce sang qui va remonter entre les pavés.
Je le vois quand le peuple joue sous le ciel veiné,
quand tombe encore le soleil du vingt-huit mai,
si l’accordéon mène à la joie la vie pressante.
C’est la vertu du peuple sous l’oriflamme, un cœur tendu,
mon cœur qui bat quand a passé l’étrange
nuit de l’égorgement, et bat encore à la bonté
du peuple enfoui sous les pavés qui joue, qui pleure.
Place des Abbesses, 19 mars 1959
In Anthologie de la poésie française du XXe siècle, vol. 2I, © Poésie/Gallimard, 2000
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Grains de sel | De la Commune
Contribution de PPierre Kobel
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