La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Pluies pampou
I
Pluies, pluies, saisons pluvieuses où êtes-vous ?
D’un lieu à l’autre
j’invoque les contrées de votre mémoire !
Par ma bouche, la nuit raconte la nuit
par les bruits du vent, l’arbre
promène les feuilles de la forêt morte !
Ô pluies, ô solennelle offrande, mon cœur bat à la souche de la douleur
et répand le vertige qui tourmente
au plus profond les muscles de mes os !
Pampou, l’initié qui connaît pas à pas la longueur de l’initiation
Pampou, l’initié qui révèle avec le regard les cœurs de terreur
et les cœurs d’amour
Pampou, l’homme qui demeure debout dans le sable de son empreinte
Pampou, ah ! la mort est un ouvrage de secrets sur le chemin de l’homme !
II
Ancêtres, je vous appelle : Pampou vient de quitter
les attachements de la chair et de la terre
la nocturne des jours est arrivée, chargée de nuages
mais les aïeux ordonnent de ne point pleurer !
Ô pluies, l’eau pure n’épaissit pas : ne me dites pas qui fut Pampou
mes yeux se sont lavés à la lumière de sa parole
entre le chant de la blessure et le pleur du manque
sa mémoire garde en moi l’éternité de ses amours.
In Poésies de langue française, © Seghers, 2008
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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