La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Aux hommes de plus tard
Mais vous qui connaîtrez l’autre travail, plus tard,
Alors qu’il sera devenu comme une fête,
Quand il sera ce qu’est le poème au poète,
Pour chacun sa passion, sa victoire, son art,
Pensez alors à nous avec un peu d’égard.
C’est vrai que d’avoir tant trimé comme des bêtes
À des travaux qu’on exécute et qu’on répète,
La tristesse a bien pu marquer notre regard.
Ah ! comprenez que nous avons aimé la vie
Et malgré ça, cet enfer-là, pas eu l’envie
D’abandonner l’espoir et de pleurer sur nous.
Oui, nous avons aimé terriblement la joie,
La moindre et grande joie, au moins autant que vous,
Et la plus grande était de vous ouvrir la voie.
In Trente et un sonnets, © Gallimard, 1954
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Contribution de PPierre Kobel
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