La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Leurs chants sont plus beaux que les hommes,
plus lourds d’espoir
plus tristes
plus durables
Plus que les hommes j’ai aimé leurs chants
J’ai pu vivre sans les hommes
jamais sans les chants ;
il m’est arrivé d’être infidèle
à ma bien-aimée,
jamais aux chants que j’ai chantés pour elle ;
jamais non plus les chants ne m’ont trompé.
Quelle que soit leur langue
j’ai toujours compris tous les chants.
En ce monde
de tout ce que j’ai pu boire
et manger
de tous les pays où j’ai voyagé,
de tout ce que j’ai pu voir et entendre,
de tout ce que j’ai pu toucher
et comprendre
rien, rien
ne m’a jamais rendu aussi heureux
que les chants...
20 septembre 1960
In Il neige dans la nuit et autres poèmes, © Poésie/Gallimard, 1999
Traduction de Munevver Andac et Guzine Dino
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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