La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Le marchand de sable
Silence : je viens comme le vent de la nuit
Vient quand il pleut des averses
Avec des pas très doux, sans bruit,
Vous amener dans le monde des rêves.
Vous attrapez le poil de ma barbe, hirsute...
Vous pouvez jouer avec les constellations...
Vous ne savez pas à quel point ma route était dure,
Et combien d’étoiles ont fait défection...
Êtes-vous, dans la journée, si solitaires ?
Ne vais-je pas revenir, revenir ?
Je sème le sommeil dans vos paupières...
Aucun souci ne pourra nous unir...
Suis-je venu tard ? J’ai traversé le pays, aux abois
Et attendu souvent aux carrefours
Jusqu’à ce que vous me sentiez près de la paroi
Me préparer à des voyages de pourpre...
[…]
Si vous avez le vertige, je viens comme le vent de la nuit
Vient quand il pleut des giboulées,
Avec des pas très doux, sans un bruit,
Vous ramener chez vous, sans vous importuner.
(Probablement 1940)
Inédit in Arpa n°131, février 2021
Traduction Marc Sagnol
Internet
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Contribution de PPierre Kobel
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