La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
ainsi des bribes
reste de
et mon langage – ou le poème – de même
tendu aux temps doubles du passé et de l’avenir
retranché du présent
de même que moi retranchée, tranchée deux fois
demeurant aux trous ouverts de la bouche du sexe et de
la tombe
ainsi des moments de croyance à la lisière de la certitude
dans l’intimidation douloureuse de la pensée
d’une parole faisant péché de la pensée
moi disant dedans entêtée acharnée
Gedanken ist frei Gedanken ist frei Gedanken ist frei
tel un mantra pour que ne soit aucunement jamais débus
quée ma pensée
je pensais
retranchée, tranchée deux fois pour que ne soit empêchée
ma pensée
ainsi tel un apaisement dans l’hystérie de l’arasement de
la pensée
parlant muet parlant silence pensant silence
sans chercher à trancher
de toute façon retranchée, tranchée deux fois
sans coutelas pour tailler découper diviser
– à peine un terreau de lèvres ébréchées –
moi qui suis de toute façon retranchée, tranchée deux fois
laissant être ce qui est multiplement dans l’indicvis
de la pensée
moi tranchée retranchée tant de fois soustraite
de moi de tant soustraite
je parle sans parce que pas de
là-bas où rien et encore trop ce rien
comme chantant obstinément à voix absente
en mots réduits à l’ordre du silence
les joignant nous joignant
en ce qui balbutie
In La mort n’est jamais comme, © Bruno Doucey, 2019
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Wikipédia | Claude Ber
Contribution de PPierre Kobel
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