La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Si je n’avais cet arbre blond sous ma fenêtre
j’aurais froid.
L’espace s’est attendri. Les yeux s’installent
la sève s’égoutte.
Quelques mètres me séparent de l’arbre. Parfois je lui bondis
sur le dos et ma tête tout entière reçoit sa coiffe et son flot
ses racines rusées se tordent sous mes talons.
Je suis plantée.
Tout en haut la grande rumeur des passages d’oiseaux
la violence de leur palpitation la déchirure de leur bec
et le poissé du sang.
En bas la reprise du vide sur le tumulte.
Je suis ce haut et ce bas
ce long et ce large
ce mouvement et cette immobilité
le sang et l’argile
la feuille et le temps.
Parfois l’arbre vole.
In Dièdres du Temps, © Le Verbe et l’Empreinte, 1976
Internet
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires