La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
eine kleine Nachtmusik
(où la langue change : un chant de confession)
arrivé par la nuit
comme balancé dans un berceau
à travers des paysages noirs
enduits d’invisibilité
d’une imagination marmonnante
d’encre qui a débordé des pages tournées
arrivé par la nuit
le long des gares abandonnées
jusqu’aux contorsions de la frontière
Cerbère (Cervera) –
n’est-ce pas le chien à l’œil unique
gardien du couloir qui mène de la vie à l’enfer ?
Là tu confonds l’animal à trois têtes, grondant,
avec le cyclope – le « cercle humide »)
et cherché si par hasard il y aurait un humain
dans les ténèbres extérieures
quelqu’un qui ne dorme pas
quelqu’un qui pleure
je me figure que l’encre a absorbé les rêves
des gens qui comme des caillots d’argile
s’accrochent encore enrobés dans des chiffons
et dorment du sommeil des morts
arrivé par la nuit
marmonnant sachant
que la vie n’est pas une option,
l’œil quelconque du videur de lune,
qu’il ne suffit pas d’écouter
le couloir de respiration tremblante,
toi l’accompagnateur qui doit partir en éclaireur,
passant le visage de la nuit derrière la frontière
où se trouvent lumière du jour, mer, humains
(en mémoire de Benedix Schönflies)
In La main qui chante, © Bruno Doucey, 2020
Traduction de Georges-Marie Lory
Internet
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Wikipédia | Breyten Breytenbach
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L’Obs | Breytenbach, l’Africain blanc, des prisons de l’apartheid à Gorée
Contribution de PPierre Kobel
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