La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Nous aspirons à un soir qui soit plus lent, et la paume de se glisser entre soleil et horizon. Les terres sont si vastes qu’elles épuisent le regard, et les rêves, roulent comme bijoux sauvages, à travers les étendues désertes que fige le froid. S’il fallait toujours comprendre les signes que l’index trace sur le sable, nous serions tristes et pauvres.
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Des heures passées à tresser du vide. À chercher au fond de la gorge un mot qui résoudrait l’énigme. Je songe aux cercles concentriques que tracent les rapaces dans la sentence de midi. Ces êtres savent la saveur des muscles déchirés et des membres brisés par la peur, la panique d’un oiseau chanteur au seuil du silence.
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Si j’étais sage, je saurais marcher sur les chemins qui s’effondrent, j’aimerais le sommeil qui refuse le silence de l’âme, la satiété du cœur. Peut-être même envisagerais-je en souriant ce que nous serons tous dans cent ans sans le secours des blancs ruisseaux de Chanaan. Juste un peu de poussière et de terre mêlées. Un grand silence, une absence éternelle, un rien, sans même l’erreur du mot pour le dire.
In Recueil collectif, © Encres Vives
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Contribution de PPierre Kobel
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