La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
À Georges, mon père, homme de peine, homme de cœur,
… S’en va sur le chemin.
Chancelle au vent mauvais,
la vieille silhouette.
Et refait le parcours,
tremble, avance deux pas,
Trois pas, c’est trop de deux déjà.
Une horloge le suit,
fragile. Ô le silence
qui gît dans l’or du balancier.
Et fouille dans ses jours.
Vienne la nuit
Sonne l’heure
(C’est Guillaume qui pleure)
Ainsi va le bonhomme
dans l’automne qui meurt.
Se rappelle la robe noire, tranquille. Elle, qui marche.
Gréco, lunaire silhouette.
Seule mais sereine,
sur la scène, dans la lumière.
Le deuil à fendre l’âme
chante grave dans son rire.
Silencieuse soudain.
Désabusée. Puis tire
sa révérence. Adieu Madame.
Si tu t'imagines
qu'ça va, qu'ça va, qu'ça
va durer toujours
la saison des amours
Et radote le vieux.
Queneau, Apollinaire,
la Seine coule sur vos vers.
Ailleurs, le poète venait,
S’en venait, s’en venait,
vers toi qui t’en allais.
Tu te rappelles, Barbara…
Abritée sous un porche,
quand la pluie et Prévert
se racontaient la guerre,
Le sang noir sur la mer…
la joie évanouie, la guerre…
Le peintre a posé ses pinceaux, essuie ses mains à son passé.
Les rues racontent et les ponts,
Et la Seine sereine
épouse son histoire…
Ah, Prévert,
ton cancre de lumière
dans l’aube des lampadaires !...
In Sur les Feuilles du temps, © Écho Optique
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La Pierre et le Sel | Revue | Les Cahiers de la rue Ventura, une contribution de Jean Gédéon
Contribution de PPierre Kobel
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