La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Les parentés inhumaines (Fugue et variations) extrait
Vous que j’ai perdus n’avez durée que
ma mémoire par d’autres mémoires relayée
S’éteignant elles éteignent ce qui de vous fut
Que sais-je de ma trisaïeule hormis
archives de papier si elles existent
quand nulle œuvre d’exception
état civil mariage enfantements
jalons sans images ni affects
Et moins encore des innombrables qui précèdent
Fins innombrables
que plus nulle matière à mes sens ne rédime
hors la savoir native
insensée qui d’autre en autre s’altère
d’autre en autre
morte ne meurt
Métamorphique infinitude ma fin carcinommée
d’altérité en altérité m’apparente
– animalisation végétalisation squelettisation –
ma grouillante positivité de nourrice nutritive
toute substance molle gloutonnée bondit vers
l’étrange ultime fractalité du minéral
où s’illimite – quantique émanation de ce qui fut vous
de ce qui fut moi –
l’oubli de nos durées perdues
In Diérèse n°190, © Diérèse, 2021
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Wikipédia | Françoise Clédat
Contribution de PPierre Kobel
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