Un jour, un texte : Marina Tsvétaïéva | Psyche

La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne

Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.

Marina Tsvétaïéva

Psyche

Je reviens à la maison, non pour tromper
Ni pour servir – je n'ai pas besoin de pain.
Je suis ta passion, ta renouée du dimanche,
Ton septième ciel et ton septième jour.

Sur la terre, là-bas, on me donnait des sous,
On s'accrochait des meules de pierre au cou.
- Mon amour ! Est-ce possible que nous ayons vue distincte ?

Pour toi, mon très-chéri, des guenilles
Qui furent autrefois tendre chair,
Toutes ruinées, toutes lacérées,
Ne resteraient seulement que deux ailes ?

Revêts-moi de ta splendeur,
Sauve-moi, par pitié ;
Et les pauvres hardes poudreuses,
Porte-les à la sacristie.

13 mai 1918

In « Insomnie et autres poèmes » © Éditions Gallimard 2011

Internet

• La Pierre et le Sel | Marina Tsvétaïéva, une contribution de Hélène Millien

Contribution de PPierre Kobel