La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
L’Espagne
une
lame
qui mettra dix ans à s’abattre
sifflant
un horizon de crânes directement noircis au feu
au pied du disque solaire
où les hommes sont les pièces encore debout d’un échiquier
de fournaise.
Giauque aimait leurs cris de destin
les traits désertiques
de leurs faces
et la guérilla de leurs traits.
Et ces nobles emplâtres
à demi détachés des murailles
où Giauque brûlait d’une Espagne
ils avaient pour nom :
Lorca
Machado
Hernandez
Mais ces noms terribles qui tournent accrochés
à l’immense roue d’Espagne
leurs syllabes détachaient encore
les plaies visibles
d’une hispanité hissée haut
comme l’étendard à l’envers
d’une communion autour d’eux
et l’immense
JET DE PÂLEUR
DE LEUR MORT AVEUGLANTE
C’est la garde serrée
des « jeunes poètes espagnols »
que Giauque fixera
à la pointe d’une guitare
fusillée.
Leurs yeux noirs dans la pierre
et leurs voix qui s’appellent
dans cette rue principale
Comme un pont aérien
de jeunes morts qui s’envolent
C’est avec eux
avant le train pour
VALENCIA
que Giauque tracera l’expresse
de ces rails tirés
en direction des nuées
où toute figure est un brasero
dans l’œil du soleil
In La main de brouillard – Poème pour Francis Giauque, © Le Castor Astral, 2016
Internet
-
Wikipédia | Nicolas Rozier
-
Wikipédia | Francis Giauque
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires