La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Entre reflux et flux
Quand les mots deviennent flasques
dans les bouches mensongères
je rentre en moi-même, rétrécis
me recroqueville et m’amenuise
J’évite toutes les sinuosités du chemin
et sa viscosité humaine
Dans ma frayeur, je recule et me garde
de louvoyer avec le mercure
Je me retiens pour ne pas glisser
Je plante fermement mes pieds dans la terre savonneuse
Je serre mes poings, ne les ouvre pas
Je répugne à palper les choses, les rictus
me répugnent, et j’abjure le renard fait homme
Mais quand un enfant
m’étreint et caresse mon visage fatigué
avec sa joue de velours, ses paumes douces
ses doigts de lis
où nulle serre n’a poussé
Quand ses yeux se penchent sur mon cœur
comme un ciel lavé à l’aube fraîche
par des anges de lumière
mon cœur se desserre
grandit
Toutes les murailles
s’échappent de mon cœur fermé
Le fleuve polaire s’y déverse
Des arbres y poussent
et la face de l’homme revient de son exil
à la vastitude de mon cœur
In La poésie palestinienne contemporaine, © Bacchanales n°27, 2002
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Contribution de PPierre Kobel
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