La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Mahmoud Darwich
Sonnet [III]
J'aime, de la nuit, le prélude, lorsque vous venez,
Main dans la main et me prenez lentement, strophe après strophe, dans vos bras.
Vous m'emportez, tout là-haut, sur vos ailes. Amis, restez, ne vous hâtez pas
Et dormez contre mes flancs pareils aux ailes d'une hirondelle fatiguée.
Votre soie est chaude. À la flûte d'attendre un peu
Pour polir un sonnet lorsque vous me trouverez secret et beau
Comme un sens sur le point de se dénuder. Ne parvenant à y arriver
Ni à s'attarder devant les mots, il me choisit pour seuil.
J'aime, de la poésie, la spontanéité de la prose et l'image voilée,
Dépourvue d'une lune pour l'éloquence :
Ainsi lorsque tu t'avances pieds nus, la rime abandonne
L'étreinte des mots et la cadence se brise au plus fort de l'essai.
Un peu de nuit auprès de toi suffit pour que je sorte de ma Babylone
Vers mon essence – ma fin. Point de jardin en moi
Et tu es toute, toi. Et, de toi, déborde le moi libre et bon.
In Le lit de l'étrangère, © Actes Sud, 2000 – trad. Elias Sanbar
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La Pierre et le Sel | Mahmoud Darwich | « le mot pour dire la fleur de l’amandier »
Contribution de PPierre Kobel
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