La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
À Jules Mougin, facteur et poète
On palabre, tu racontes, j’écoute.
Nous écoutons, nous causons,
de ceci, de cela et la vie et les vies défilent.
On se pose, on boit, on mange,
calme et apparente sérénité.
Se repasser encore une fois le film de nos journées.
On est là, on reprend tout
à jouer encore une fois les scènes inoubliables
de nos quiétudes passées.
Mais nous savons bien au fond
que c’est pour délayer la mort qui nous attend,
pour user le tuffeau qui s’use bien tout seul,
pour croire à cet étonnant répit
qu’on se donne parfois.
À rêver sous les chênes et leurs regards
presque humains,
on aurait vite fait de se croire immortels
mais on sait bien qu’il ne faut pas être dupes,
on le sait bien on est encore si petits,
si déraisonnables.
In Carnet pour habiter le temps, © Les Carnets du Dessert de Lune, 2003
Internet
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L’Alterpresse68 | Francis Krembel, mort d’un utopiste, et poète alsacien
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Ouest-France | Francis Krembel et sa poésie résistante
Contribution de PPierre Kobel
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