La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
À une très lointaine épouse
Je ferai de brume d'ombre et de soleil
un vague ossuaire attendri d'aube
un cimetière naïf et tendre
mon champ d'oliviers sous le ciel vert
Je te ferai de brume
ô ma grande habillée d'ombre
et mon cri vers toi chevauchera
l'algue mirobolante oubliée du soleil
Je te ferai de pierre
ma très mouvante épouse
et ton baiser nu
sera de sel à ma bouche
Pour être ivre de toi
je te ferai de menthe
sur ce grand chemin de Grenade
Pour être l'île amarrée de tes yeux
je te ferai rivière
ô ma lointaine épouse étoilée de rêve
Pour surgir à ton cou
je me ferai la nuit venue
dompteur de hautes lianes légères
et la brousse dira quelles furent nos veilles
aux griffes enterrées du songe animal
Puis je ferai de ton corps
un long cri végétal
pour qu'il soit
sous les pluies fumantes
autel de l'homme
au pied du vieux banyan
Alors
parmi les ombres
qui valsent nos corps déjà morts
je te ferai pirogue aux jambes blanches
pirogue aux jambes hautes
à descendre un amour évanoui
Ô murmurante épouse
terre mouillée sur mon cœur
In D'étoiles et d'acacias, © Fanlac, 1998
Internet
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Wikipédia | Jean-Marie Berthier
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La Pierre et le Sel | Les poètes ne disparaissent pas tant que survivent leurs textes
Contribution de PPierre Kobel
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