La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Désaffectez la voie
N’y laissez que les rails
Ôtez tous les panneaux
Et j’emprunterai ce chemin
Les tunnels reconquis par les rats
Avec quoi remplir la nuit
Les ponts de métal : arches pour la nuée
Je marcherai toujours
Et au voyageur sur le quai
Contre son espoir entêté
En passant, je proposerai mon tabac
J’irai au plus loin du tracé
Jusqu’aux convois absents
Dans les gares livrées
À l’herbe et aux mauvais jets de pierre
J’irai jusqu’au bout du réseau
Au devenir du plan
Landes pour les orvets : la fin du métal
Là je m’allongerai
Et pour mon œil cherchant la nuit
Sans même un espoir entêté
Je prononcerai ma désaffection
In Le Contraire du lieu, © Gallimard, 2005
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Contribution de PPierre Kobel
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