La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Devant la Cité interdite
La casquette
sur la tête
immobile
la tête
sous la casquette
immobile
les yeux
dans le visage
immobiles
le visage
autour des yeux
immobile
les lèvres
autour des dents
immobiles
les dents
entre les lèvres
immobiles
la chemise
autour du torse
immobile
le torse
sous la chemise
immobile
la ceinture
autour de la taille
immobile
la taille
sous la ceinture
immobile
le pantalon
autour des jambes
immobile
les jambes
dans le pantalon
immobiles
la chaussure
autour du pied
immobile
le pied
dans la chaussure
immobile
sur la terre
La terre
sous la chaussure du policier
tourne
la foule
autour du policier
bouge
mes pensées qui pensent au policier
tournent comme la terre
bougent comme la foule
Mais que font
les pensées qui tournent
et bougent dans la tête du policier
huit heures par jour
cinq jours pas semaine
et ainsi de suite
comme seules
tournent les aiguilles de sa montre
sur son poignet qui ne bouge pas
le long de son pantalon
autour de ses jambes
immobiles
sur la terre
In Un cri fendu en mille, © Bruno Doucey, 2018
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Contribution de PPierre Kobel
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