La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Ode à la pomme
Pomme, je veux
te célébrer,
en m’emplissant
la bouche
de ton nom
en te mangeant.
Toujours
tu es nouvelle comme rien
ni personne,
toujours
juste bombée
du Paradis :
pleine
et pure
joue émue
de l’aurore !
Qu’ils sont malaisés,
comparés
à toi,
les fruits de la terre,
les raisins cellulaires,
les mangues
ténébreuses,
les osseuses
prunes, les figues
sous-marines :
tu es pure pommée,
pain embaumé,
fromage
de la végétation.
Quand nous mordons
dans ta ronde innocence
à nouveau
pour un instant
nous sommes
aussi des enfants nouveau-nés :
nous avons quelque chose de la pomme.
Je veux
une abondance
totale, la multiplication
de ta famille,
je veux
une cité,
une république,
un Mississippi de pommes,
et sur ses rives
je veux voir
toute
la population
du monde
unie, réunie,
dans l’acte le plus simple de la terre :
mordre dans une pomme.
In Troisième livre des odes, © Gallimard, 1978
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Wikipédia | Pablo Neruda
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La Pierre et le Sel | Pablo Neruda, un poète fraternel, une contribution de Jacques Décréau
Contribution de PPierre Kobel
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