La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Grille de parole
Rond d’un œil entre les barres.
Vibratile animal paupière
rame vers le haut,
permet un regard.
Iris, nageuse, sans rêve et morose :
le ciel, gris-cœur, doit être proche.
Penché, dans la bobèche de fer,
le copeau fumeux cracheur de suie.
Au sens que donne la lumière
tu devines l’âme.
(Si j’étais comme toi. Si tu étais comme moi.
N’étions-nous pas
sous un seul et même alizé ?
Nous sommes des étrangers.)
Carrelage. Dessus,
serrées l’une contre l’autre, les deux
flaques gris-cœur :
deux
pleines bouches de silence.
In Choix de poèmes, © Poésie/Gallimard, 1998
Traduction de l’allemand et préface par Jean-Pierre Lefebvre
Internet
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Wikipédia | Paul Celan
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Gallimard | Choix de poèmes
Contribution de PPierre Kobel
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