La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
La dormeuse (extraits)
Tu cueillerais tout aussi bien des fleurs dans le soleil. Tes bras respireraient jusqu’au zénith le feuillage que les forêts soumettent à l’espace. Ne cherche pas à conquérir la pluie que supposent les toits, à chevaucher les fleuves sur des arbres géants. Reflète-toi entre deux ciels et tu connaîtras l’amitié que les astres te portent.
*
Maintenant que tu dors pour moi seul, je sens ta présence monter jusqu’au bord des lèvres. Tu joues le monde. Tu le harcèles et lui offres tes mains pour le meurtrir et l’enchaîner aux prairies que le ciel compose. Je te regardais t’endormir de mes fenêtres sans royaumes où la nuit va bientôt jeter son front contre les vitres. Permets-moi de dessiner ton visage. Ta bouche achèvera les mystères que mon enfance énonçait sur les murs. Tes yeux habiteront ces allées pluvieuses que les chiens parcouraient sans hâte, tête basse et mimant des conditions humaines.
In L’Aurige, © Fata Morgana, 1977
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Contribution de PPierre Kobel
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