La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Deuils
C’était tard après minuit,
nous étions assis, des carafes,
devant nous, et nous parlions des années
sans souci que l’on ne saurait faire revenir,
des femmes qui sont toujours
remplacées par d’autres,
des navires qui partent chaque fois
sans nous.
En serrant les poings, nous regardions
dépités les planches de la table, nous mettions
le deuil sur toutes les lumières du passé et
buvions cruchon après cruchon du vin
chaud comme le sang de celui
qui est sans tache.
« Oh, jusqu’aux pierres se fendent par ce froid
de loup », a dit la mort piétinant pour
se chauffer les pieds.
In ARPA n°135, © 2022 – Traduction du roumain par Irina Bojin
Contribution de PPierre Kobel
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