La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
au milieu de la voie ferrée, il y a un arbre, aux branches interminables chargées de feuilles vertes. ses racines sont gigantesques, noueuses, enchevêtrées. elles forment une muraille dense, imposante. infranchissable. le tronc est si large, l’Arbre doit être né avant l’origine du monde. avant même qu’il existe un mot pour le désigner dans une langue humaine. il se dresse seul, au milieu d’une plaine noire, rocailleuse, volcanique. au loin, une étendue lisse, sombre, à peine ridée par le souffle du vent. au-delà de ce qui pourrait être la mer, la crête déchiquetée des montagnes se découpe dans un ciel alourdi de nuages cendrés. les glaces et les neiges éternelles s’accrochent à la roche, figent le paysage dans une clarté automnale. il n’y a que cet arbre, sorti de nulle part, qui rompt la désolation des lieux.
In Non-lieu, © L’Ail des ours, 2022 – Œuvres de Juliette Choné
Internet
-
L’Ail des ours | Non-lieu
-
terre à ciel | Clément Bollenot
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires