La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Anne Sexton
Pour John qui me prie de ne pas chercher à en savoir davantage
Ce n’était pas que ce fût beau,
mais à la fin il y avait là
une certaine forme d’ordre ;
une chose valant la peine d’être apprise
dans cet étroit journal intime de mon esprit,
dans la banalité de l’asile
où le miroir fêlé,
ou était-ce ma propre mort égoïste,
me fixait.
Si j’essayais
de te livrer autre chose,
une chose m’étant externe,
tu ne saisirais pas
que le pire de chacun
peut être, finalement,
un accident d’espoir.
J’ai tâté ma propre tête ;
c’était du verre, un bol renversé.
C’est mesquin
d’enrager dans son propre bol.
Au début c’était privé.
Puis cela m’a dépassé ;
c’était toi, ou ta maison,
ou ta cuisine.
Et si tu te détournes
car il n’y a rien à apprendre ici,
je prendrai mon bol gênant,
avec ses étoiles fissurées qui brillent
comme un mensonge compliqué,
et j’y attacherai une nouvelle peau
comme si j’habillais une orange
ou un soleil étrange.
Ce n’était pas que ce fût beau,
mais j’y ai trouvé de l’ordre.
Il doit y avoir quelque chose de spécial
pour quelqu’un
dans ce genre d’espoir.
Quelque chose que je n’aurais jamais trouvé
dans ce lieu plus plaisant, mon cher,
bien que ta peur soit partagé par tous,
comme un voile invisible tendu entre nous…
et parfois en privé,
ma cuisine, ta cuisine,
mon visage, ton visage.
In Tu vis ou tu meurs, © des femmes, 2022 – Traduction de Sabine Huynh
Internet
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Wikipédia | Anne Sexton
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terre à ciel | Linda Gray Sexton, écrivain et fille de la poète Anne Sexton
Contribution de PPierre Kobel
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