La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
je me demande si je pleure après l’amour
en étendant le linge
tu te rappelles de les heures de route
la chaleur du goudron sous les pauses-pipi
le voyage
les lieux que je sais comme les plages de ponte
la craie froide
l’haleine de la pluie sur la terre qu’on malaxe un voile
de pins drus et de palmiers sous des nues
de chou fermenté tu
es quelque part
comme ces images qui savent comment je m’appelle
qui
restent sur moi comme du chewing-gum au melon précisément aplati
sous la semelle
elles aussi savent comme tu es belle puisque
je leur ai tout dit
tu ne m’en voudras pas mais
s’il faut mourir il faudra bine faire mémoire de toi
allumer une bougie avec le visage
c’est
quand tu posais ton cœur sur moi et alors comme ça
prendre soin de ce cœur
l’écumer
qu’il n’en reste que du fafaru
du pousse-mousse pour les mains
In J’ai un trou dans le cœur de la taille d’une brousse, © 10 pages au carré, 2022
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10 pages au carré | Loréna Blur
Contribution de PPierre Kobel
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