La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Appareillage ce matin
en baie de Chesapeake
Planté là, le Potomac
se signe : puisse le vol d’un bruant peint
te nourrir pour la traversée.
En mer, tu songes aux œuvres vives.
Nul ne les voit mais sur elles
tout repose. Ainsi la poésie, la lente
germination des laitues et des vers,
dans la gloire du regain.
De retour au pays, il te faudra
marcotter le palissandre,
dégager l’arbre encroué, tailler les oliviers,
reboiser l’âme humaine.
Mais l’heure est à la vague.
Au mitan de la nuit, la machine te réveille.
La frégate foule les flots, pareille à la harde
de sangliers remuant la terre.
Creuse. Ramasse. Tiens bon.
Les Açores, bientôt. Plus loin, le Sud natal.
Là-bas, retrouveras-tu ton chemin parmi
les atterrages semés d’écueils ?
Écris-nous. Je t’attendrai au sémaphore.
Parle-nous des Amériques, du silence indien,
et surtout, oui, parle-nous du bruant peint.
In Prendre terre, © la Margeride, 2021
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Contribution de PPierre Kobel
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