La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Il s’assied à la grande table
de la chambre du premier
placée de façon qu’en y travaillant
on voit aussi les hauteurs du jardin
dans l’écran que forme la fenêtre
le ciel ce soir strié de nuages gris
où s’impriment les coulées d’encre
des arbres perdant leur substance
tout au fond contre le bord du toit
un bras d’intense clarté
se refermant sur un cœur de nuages bas
ramassé sur lui-même presque noir
ennoyant la fresque des arbres
on dirait sur l’horizon redressé
qu’une mer s’étale là
s’élevant en pente douce
sous la caresse des derniers reflets
puis toute lumière s’éteint
il reste devant le cadre noir
que le pinceau d’une unique ligne
s’enchevêtrant sans cesse à elle-même
à couvert en son entier
In L’inaccessible ici, © Encres vives n°456, 2016
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terre à ciel | Éric Chassefière
Contribution de PPierre Kobel
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