La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Trio des esprits
Le violoncelle déchire tes entrailles dilate ton ventre
fait fondre ton désir tel un océan devenu cosmos
passe ensuite la main au violon qui tend ton cœur l’étire
l’étiole l’enroule le noue le dénoue –
le fait éclater sous la lune – l’assombrit dans le couchant
tu te déverses dans leurs chants réunis
tels deux amants menés au supplice
quand vient le piano disloquer ton cerveau
tu l’entends de partout remplissant tous les espaces
plaisir et souffrance indissociables délice du miracle
Mais ce qui subsiste aux embouchures
dans les passages – les failles – comment le dire —
le moi impuissant –
fait le yo-yo sur l’échelle de Jacob, en espérant
être absorbé par le haut
tout en se faisant le plus humble possible —
ce n’est pas à lui de décider qu’il plaide coupable ou non
inter lacrymas et luctum
ma bouche veut boire — ou peut-être
verser de l’eau-de-vie sur mes mains engourdies —
le crâne frissonne — un papillon
l’explose de ses ailes
In Le sens magnétique (2019-2021), © L’Harmattan, 2022
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Contribution de PPierre Kobel
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