La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Tu vis comme vit l’arbre de Piero,
dans l’au-dehors
qui n’a pas d’âge,
qui ne connaît pas le monde
mais est possédé par sa lumière.
Elle est si vaste qu’on l’appelle le ciel.
L’arbre prononce son nom et
il neige du feuillage,
des souffles et des branches qui disparaissent
dans la voix bleue,
sûrement le paradis
le jour où tout sera vrai.
L’apparition est fugace,
ô douceur amère de la solitude,
personne ne crie
quand sur la colline passe la couleur,
tu dis : c’est un signe.
Il y a assez de vert et tu attends.
Peut-être l’arbre vole, ou est-ce toi
qui rêves son envol et sens ses racines ?
un peu de terre,
de l’eau et beaucoup d’air,
dans l’irréel
brûle le feu de la présence.
Le nuage pleut, le tronc se dresse
et avec lui tout le perdu,
rochers et grotte, fleuve et forêts,
bêtes et homme en détresse
droits dans la langue
de la vision qui t’emporte.
Mots et regard font du silence
avec un geste, qui tout efface
pour faire surgir de la blancheur,
de l’abandon, de la mémoire.
L’arbre parle en toi
de l’au-dehors,
tu es dedans
un paysage avec l’arbre de Piero.
Le monde est loin, la vie est là,
un nulle part dans l’espace de la couleur
où vibre le temps
qui l’inspire et nous expire.
In La maison sans vitres, © La passe du vent, 2018
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Wikipédia | Sylvie Fabre G.
Contribution de PPierre Kobel
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