La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Contraste
Les fenêtres de ma poésie sont grand’ouvertes sur les boulevards et dans ses vitrines
Brillent
Les pierreries de la lumière Écoute les violons des limousines et les xylophones des linotypes
Le pocheur se lave dans ressuie-main du ciel
Tout est taches de couleur
Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l’incendie du soir
L’unité
Il n’y a plus d’unité
Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures après avoir été retardées de dix minutes
Il n’y a plus de temps.
Il n’y a plus d’argent.
À la Chambre
On gâche les éléments merveilleux de la matière première
Chez le bistro
Les ouvriers en blouse bleue boivent du vin rouge
Tous les samedis poule au gibier
On joue
On parie
De temps en temps un bandit passe en automobile
Ou un enfant joue avec l’Arc de Triomphe…
Je conseille à M. Cochon de loger ses protégés à la Tour Eiffel
Aujourd’hui
Changement de propriétaire
Le Saint-Esprit se détaille chez les plus petits boutiquiers
Je lis avec ravissement les bandes de calicot
De coquelicot
Il n’y a que les pierres ponces de la Sorbonne qui ne sont jamais fleuries
L’enseigne de la Samaritaine laboure par contre la Seine
Et du côté de Saint-Séverin
J’entends
Les sonnettes acharnées des tramways
Il pleut les globes électriques
Montrouge Gare de l’Est Métro Nord-Sud bateaux-mouches monde
Tout est halo
Profondeur
Rue de Buci on crie L’Intransigeant et Paris-Sports
L’aérodrome du ciel est maintenant, embrasé, un tableau de Cimabue
Quand par devant
Les hommes sont
Longs
Noirs
Et fument, cheminées d’usine
In Dix-neuf poèmes élastiques , © Au Sans Pareil, 1919
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Contribution de PPierre Kobel
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