La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Un jour excessivement clair,
Jour où affleurait l’envie d’avoir beaucoup travaillé
Pour ne pas travailler du tout ce jour-là,
J’ai entrevu, comme une route entre les arbres,
Ce qui est peut-être le Grand Secret,
Le fameux Grand Mystère dont parlent les faux poètes.
J’ai vu qu’il n’y a pas de Nature,
Que Nature n’existe pas,
Qu’il y a collines, vallées, plaines,
Arbres, fleurs, herbages,
Rivières et pierres,
Mais qu’il n’y a pas un tout dans quoi tout ça s’intégrerait,
Qu’un ensemble réel et véritable
Est une maladie de nos idées.
La Nature est partie dans un tout.
Voilà peut-être ledit mystère dont ils parlent.
Voilà ce que sans penser, en passant,
J’ai mis ma main au feu que c’était sans doute aucun la vérité
Que tous s’acharnent à trouver et qu’ils ne trouvent pas,
Et que moi seul, ne m’étant pas soucié de la chercher, ai trouvée.
In Anthologie essentielle, Alberto Cairo | Le gardien de troupeaux © Chandeigne, 2016 – Choix et traduction par Patrick Quillier
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Wikipédia | Fernando Pessoa
Contribution de PPierre Kobel
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