Un jour, un texte : Pier Paolo Pasolini | Aux cloches d’Orvieto

La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne

Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.

Pier Paolo Pasolini

Aux cloches d’Orvieto

Marque de l’unique domination, de la misère
absolue : pourquoi alors aussi incertaines, multiples,
sonnez-vous, cloches, par cette matinée dominicale ?
Dans le train à l’arrêt, dans la gare blanche et mouillée
de cette ville, close dans son vieux silence,
vous offrez, si frais, un frémissement de vie.
Maisons, tout autour, à l’écart, routes, champs, constructions,
passages à niveau, canaux, prés dans la brume,
sont la matière, non de votre son furtif, intact,
mais de votre douceur intime et éternelle…
Cela signifie-t-il que, au fond du pouvoir impitoyable,
il y avait une peur vitale, au fond de la résignation
un pouvoir mystérieux, et heureux, de vie ?

In La religion de mon temps, © Rivages, 2020 – Traduction par René de Ceccaty

Internet

• Wikipédia | Pier Paolo Pasolini

• Rivages

Contribution de PPierre Kobel