La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
C’est la réalité : j’écoute Brad Mehldau
Jouer dans un théâtre abandonné. Les sièges
Vides, autour de lui, capitonnés de pourpre,
Figurent l’autre scène, ancestrale. À nouveau
L’accord en mi, mais la nuance un peu plus triste
Comme quelqu’un qui erre au milieu d’une foule
De masques muets, consternés, pli orphelin
D’un poème oublié dans les rondes du gris.
La nuit tombe, à présent. Je rêve qu’on me rêve.
Les notes qui me fuient ont brisé leur clarté.
Je ne les comprends plus, mais je les aime encore.
Pianiste et partition tout à la fois, je suis
Pierrot lunaire, la foule et son personnage.
Je ne sais plus si nous sommes vivants ou morts.
In 2020, © Le Capital des Mots, 2022
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Contribution de PPierre Kobel
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